Le duché de Limbourg des origines au au XIIIèm siècle - Aspects économique, par Nicolas SCHROEDER (*)
Conclusions
Après les crises du bas Empire, il faudra
attendre l'époque carolingienne pour qu'une première dynamique de croissance
médiévale se mette en place. Ce que nous pouvons en observer s'organisait
autour du palatium d'Aix-la-Chapelle et de son réseau de villae. Ces domaines,
dont nous ignorons l'histoire précise, demeurèrent une structure essentielle de
la vie sociale et économique jusqu'à la fin de l'époque étudiée. Jusqu'au
milieu du XIIe siècle, le recul de la forêt eut pour conséquences la naissance
de noyaux de peuplement et l'extension de la céréaliculture. Il semblerait
que ce mouvement ralentit vers 1150. En effet, on n'observe plus de
démembrements paroissiaux dans la seconde moitié du siècle et cela
jusqu'au XVIe siècle. Lorsque les sources éclairent une région après le milieu
du XIIe siècle, le réseau de peuplement semble être en place. Des défrichements
intercalaires se poursuivirent et firent peut-être même gonfler
les hameaux et villages, mais on s'acheminait alors vers un équilibre. Au début
du XIIIe siècle, les cisterciens, bousculant les communautés rurales,
s'installaient dans des vallées marécageuses moyennant de grands travaux de
terrassement. A la même époque, on commença à exploiter intensivement les
Hautes Fagnes, où il n'était plus possible d'établir durablement des
habitations ou des champs. On observe nettement, dans une documentation plus
dense, la diminution du nombre de mentions de défrichements après 1220. Dans ce
terroir relativement pauvre, mais stimulé
par une aristocratie exigeante, la croissance atteignait ses limites. Les
crises de surexploitation forestière du bas Moyen-Âge en témoignent. Si le
XIIIe siècle fut une période de stabilisation, on assista également à cette
époque à une participation nouvelle ou plus intensive du Limbourg aux circuits commerciaux
qui se nouaient. En ce sens, l'octroi de franchises par Waleran IV († 1279) fut
un outil incitatif remarquable.
Ces hypothèses demandent toutefois à être confirmées par de nouvelles études. Leur faiblesse principale réside dans le choix d'étudier l'économie d'une région en choisissant une famille noble comme prisme. Il y aurait grand intérêt à étudier la mise en valeur des terroirs en tenant compte de tous les propriétaires et acteurs impliqués dans ceux-ci : qu'il s'agisse d'autres lignées aristocratiques, d'établissements religieux et, surtout, du monde paysan, acteur central de l'économie rurale médiévale.
(*) Aspirant du F.R.S. = F.N.R.S., Université libre de Bruxelles. Le présent article est une synthèse des travaux entrepris dans le cadre de mon mémoire de licence « Peuplement, économie et société rurales du duché de Limbourg (XIe-XIIIe siècles) » présenté à l'Université de Liège durant l'année académique 2006-2007, sous la direction du professeur Jean-Louis Kupper.