Histoire du Limbourg Marcellin LAGARDE X

REGNE D'ERMENGARDE ET DE RENAUD DE GUELDRE 1279-1288

L'impossibilité de préciser l'époque de la mort de Waleran IV, entraîne celle d'assigner une date certaine à l'avènement de sa fille Ermengarde et de Renaud Ier, comte de Gueldre et de Zuphen, que cette princesse avait épousé vers l'an 1273. Mais comme Renaud prend dans une charte du 11 mai 1280 la qualité de duc de Limbourg, il est évident qu'à cette époque il exerçait la souveraineté, et que son beau-père avait par conséquent cessé de vivre.

Alors néanmoins Ermengarde n'avait pas encore reçu de l'empereur l'investiture du duché de Limbourg. Les graves contestations qui s'élevèrent à ce sujet ont engagé plusieurs historiens à rechercher si les femmes, dans notre droit public au moyen âge, étaient aptes à succéder ; leurs efforts n'ont pu établir que les femmes eussent des droits dérivant d'un principe général, mais il pouvait leur en être concédé par les empereurs, contrairement aux lois féodales de l'Allemagne, dont l'observance n'était pas rigoureusement exigée en Belgique. C'est ainsi qu'en 1204 Henri Ier, duc de Brabant, avait obtenu de Philippe de Souabe, que les filles à défaut de descendants mâles, seraient habiles à succéder dans ses Etats. C'est ainsi encore que l'Eglise de Liège ne put empêcher Marguerite, comtesse de Flandre, d'hériter du comté de Hainaut, malgré les lois de l'empire d'après lesquelles les fiefs étaient ouverts aux suzerains, quand le feudataire venait à mourir sans descendance masculine. On a conclu de ces exceptions et de quelques autres, que les chefs de l'empire auraient pu également faire aux ducs de Limbourg des concessions analogues, dont les preuves matérielles ne seraient pas parvenues jusqu'à nous.

Quelle qu'ait pu être du reste la légitimité du droit d'Ermengarde à la succession de son père, toujours est-il que dans une diète tenue le 18 juin 1282, à Worms, par l'empereur Rodolphe, ce monarque en la qualifiant « d'illustre duchesse de Limbourg », lui accorda l'investiture de tous les domaines qui lui étaient dévolus par la mort de Waleran IV. La loi fixait le terme d'un an et un jour pour la cérémonie de l'hommage, sous peine de déchéance ; elle exigeait en outre que le vassal reçût l'investiture en personne. Il est possible qu'Ermengarde ait obtenu une prolongation de délai pour remplir la première de ces conditions ; quant à la seconde, ce fut le sire de Fauquemont Waleran II, qui prêta l'hommage en son nom. Ce fut lui aussi qui lui apporta les lettres d'investiture. Il y était formellement stipulé, sans doute en conformité du contrat de mariage des époux que dans le cas où la mort d'Ermengarde précéderait celle du comte Renaud de Gueldre, celui-ci continuerait à jouir sa vie durant du duché de Limbourg et de toutes ses dépendances, même de l'avouerie de la ville de Duisburg, précédemment engagée à Henri IV par Guillaume de Hollande. D'autres mesures concernant le Limbourg furent prises dans cette même diète. Renaud y obtint de l'empereur la faculté de faire battre à Rolduc de la monnaie de même forme et empreinte que celle frappée à Limbourg. Rodolphe ordonna en outre que cette monnaie eût cours dans tout le cercle impérial. Par un autre diplôme, il promit de n'introduire aucun changement dans l'administration provinciale de la justice entre la Meuse et le Rhin, sans l'avis et le consentement de Renaud, de Waleran de Fauquemont, de Thierry de Heinsberg et des fils du feu comte de Juliers, ce qui achève de prouver que la maison de Limbourg exerçait une juridiction dans les Etats de plusieurs seigneurs circonvoisins.

Les deux premières années du règne d'Ermengarde ne furent marquées par aucun événement important. La guerre entre les habitants d'Aix-la-Chapelle et la comtesse de Juliers et ses fils avait continué, malgré la paix faite par ces derniers avec l'archevêque de Cologne. A la fin de l'année 1280, ce prélat et le duc de Brabant amenèrent la maison de Juliers à déposer les armes, d'accord avec Renaud de Gueldre et la plupart des princes limbourgeois. Mais il paraît que ces princes y avaient consenti à contrecœur et dans la crainte que le duc de Brabant ne leur tendit quelque piège. C'est la cause que l'on assigne communément à la haine qui régna dès lors entre la maison de Limbourg et Jean Ier, haine qui se trahit d'abord dans des tournois, où les princes limbourgeois se conduisirent souvent d'une manière peu courtoise à l'égard du Brabançon. Il paraît même qu'ils prirent l'occasion d'une de ces joutes pour entraîner leur ennemi dans une embûche. Ayant un jour fait préparer une lice entre Herck et Haelen, non seulement ils y assemblèrent leurs amis en très grand nombre, mais ils

engagèrent ceux-ci à se faire accompagner de leur famille et de leurs écuyers. Le duc de Brabant invité à cette fête, à l'aspect de ce formidable cortège d'hommes armés jusqu'aux dents, en conçut de la méfiance et se retira. Cependant un nouveau tournoi ayant été préparé à Siegberg, dans les environs de Bonn, le prince brabançon fut encore appelé à y prendre part. Mais, comme un grand nombre de seigneurs allemands, ennemis de la maison de Limbourg devaient s'y trouver aussi, il crut cette fois pouvoir y assister en toute sécurité, et se rangea parmi ces seigneurs contre Renaud de Gueldre, Waleran II, sire de Fauquemont, le comte de Luxembourg, Waleran son frère, le comte de Clèves etc. Jean Van Heelu, contemporain et sujet du duc de Brabant, donne l'avantage du combat à son souverain, mais il ajoute que les chevaliers Allemands, quoique renommés pour leur vaillance, furent presque tous démontés par les princes limbourgeois, connus pour être les premiers hommes de guerre de l'empire germanique.

La mort d'Ermangarde, dont le mariage avait été stérile, allait donner lieu à de nouvelles dissensions et leur ouvrir un plus vaste théâtre. Suivant les supputations toujours si exactes du chanoine Ernst, Ermangarde mourut dans le courant de juillet de 1283, et fut enterrée au couvent de S'Gravendael, au comté de Gueldre.

Renaud, conformément à ses lettres d'investiture, devait donc conserver jusqu'à sa mort le gouvernement du duché de Limbourg. Quelques-uns des parents de sa femme n'entendirent pas qu'il en fût ainsi. On a vu précédemment que Waleran IV n'avait eu qu'un frère, Adolphe, héritier du comté de Berg. Le fils de ce dernier, du même nom que son père, était par conséquent le plus proche parent d'Ermengarde et de tous ses collatéraux, celui qui avait le plus de droit à sa succession, en admettant toutefois que la succession collatérale fût admise dans le duché de Limbourg, fait sur lequel il est jusqu'ici resté des doutes. Quoi qu'il en soit, Adolphe de Berg revendique l'héritage de sa cousine germaine, et en demanda l'investiture à Jean Ier, attendu qu'Henri III, comme nous l'avons vu, avait inféodé une partie du Limbourg au duché de Brabant. Enfin il se mit par divers actes à exercer la juridiction ducale, et invita les princes issus de la même race que lui, soit par les hommes, soit par les femmes, à lui prêter aide et assistance pour dépouiller Renaud, dont cependant il avait épousé la sœur. Ils y consentirent, mais à condition d'être admis à partager les biens de leur parente.

Sur le refus du comte, ils se mirent de leur côté en mouvement pour faire valoir leurs droits respectifs, sans toutefois montrer l'intention de contester au comte de Gueldre l'usufruit qui lui avait été concédé. Ils prirent enfin la sage résolution de se réunir à l'effet de rechercher les titres les plus valables, parmi ceux sur lesquels ils se proposaient d'établir leurs prétentions.

Le 8 septembre 1283, ils chargèrent Waleran de Fauquemont et Thierry de Heinsberg de procéder à l'examen de ces titres avant la Chandeleur prochaine, s'engageant de prêter foi et hommage à celui que les deux arbitres auraient désigné comme le mieux fondé à revendiquer le duché de Limbourg. Ce compromis semble avoir beaucoup influé sur le parti que prit immédiatement le comte de Berg, de renoncer à ses droits en faveur du duc de Brabant, qui convoitait la riche succession d'Ermengarde. L'acte par lequel, agissant comme légitime héritier de son oncle et de sa cousine germaine, il céda au Brabançon à tire de donation entre vifs et du consentement de ses frères, le duché de Limbourg et tout ce qui en dépendait, porte la date du 13 septembre 1283. Adolphe pria ensuite Rodolphe de Habsbourg d'accorder à Jean Ier l'investiture des parties du duché qui relevaient de l'empire, et adressa la même prière à divers seigneurs dont les ducs de Limbourg avaient tenu des propriétés en fief.

Cette donation entre vifs n'avait sans doute eu lieu qu'en retour d'avantages réciproques. Indépendamment de la promesse qu'avait faite le duc de Brabant de marier son fils Godefroid à une des nièces du comte de Berg, mariage empêché par la mort du jeune prince, il est démontré qu'un prix d'acquisition avait été stipulé dans l'acte. On en a porté le chiffre à trente deux mille marcs, mais les quittances qui nous sont restées ne s'élèvent ensemble qu'à mille trois cent quatre-vingt-un marcs.

Peut-on croire que ce soit là le prix total auquel fut vendu le duché de Limbourg ? Il faudrait pour apprécier l'importance de cette somme , avoir des données précises sur la valeur comparée de l'argent à cette époque et à celle où nous vivons. Un marc d'argent fin peut correspondre à soixante-huit francs de notre monnaie. Or, nous lisons qu'en 1064 la seigneurie de Sprimont fut engagée à l'abbaye de Stavelot pour trente livres, et en 1085 pour un cheval et une charretée de vin, évalués à six marcs. Vers le milieu du XVIIème siècle même, cette propriété ne fut vendue que dix mille neuf cents florins de Brabant.

Quel fut le résultat du compromis fait entre les princes de la maison de Limbourg ? L'histoire n'en parle pas ; seulement il est probable qu'il étaient convenus avec Renaud de se partager le Limbourg après sa mort. C'est une observation qui n'a pas été faite et qui se justifierait par leur dévouement à la personne du comte de Gueldre. Le duc de Brabant les trouva en armes sur sa route, aux premières démonstration qu'il fit pour entrer en jouissance des domaines qu'il venait d'acquérir.

Tandis que ces diverses prétentions étaient mises en jeu, le Limbourg, qui en était l'objet, se trouvait plongé dans la plus complète anarchie. Des châtelains, voyant l'autorité souveraine en quelque sorte tenue en balance, ne faisaient, en attendant qu'elle reprit sa force, que se harceler les uns les autres. De ce nombre étaient ceux de Schavedriesch et de Mulrepas, qui en avaient entraîné plusieurs autres dans leur querelle.

Renaud avait indisposé la famille de Mulrepas, en retirant à un de ses membres la charge de drossart ou sénéchal de Limbourg, pour en revêtir le sire de Lonzen. Cette famille, de concert avec celle de Wittem, qui avait également à se plaindre du comte de Gueldre, engagea le duc de brabant à venir s'emparer du duché de Limbourg, lui promettant de le seconder de tous leurs moyens. Jean 1er répondit à leur appel, mais presque aussitôt et sans qu'on en sache la cause, il se retira, après avoir fait ravager et incendier quelques villages. Cette conduite était peu propre à lui concilier les nobles du pays. Aussi, stimulés par le comte de Luxembourg et le sire de Fauquemont, jurèrent-ils à peu près tous de repousser vigoureusement les Brabançons, s'ils s'avisaient de remettre le pied sur le territoire limbourgeois.

C'est encore grâce à l'intervention du duc de Luxembourg et du sire de Fauquemont, que Renaud fut redevable d'avoir pu détacher Siffroi, archevêque de Cologne, de son alliance avec le duc de Brabant et d'avoir mis ce prélat dans ses intérêts. Siffroi, qui avait refusé à Adolphe de Berg, qu'il détestait de longue date, la collation des fiefs que les ducs de Limbourg avaient tenus de l'église de Cologne, accorda cette faveur au comte de Gueldre, par une convention datée du 22 septembre 1283. Il lui fit en outre un prêt d'argent considérable et couronna ces témoignages de bonne amitié en formant avec lui et ses adhérents une alliance offensive et défensive contre le duc de Brabant.

Voici comment le prélat s'exprime dans ce traité : « Considérant que le duc de Brabant a attaqué le comte de Gueldre, duc de Limbourg notre vassal, en exerçant des incendies et des pillages dans le duché de Limbourg, et qu'il a envahi le domaine de ce prince ainsi que le nôtre dans les biens qu'il tient de nous, tant au Limbourg qu'ailleurs, nous avons promis et promettons par serment audit comte et duc, ainsi qu'à ses parents et à ses amis susmentionnés, qui sont les héritiers des biens en question et nos vassaux, que partout et toutes les fois qu'il sera opportun, nous les assisterons puissamment et à nos propres frais, contre le duc de Brabant et le comte de Berg, comme contre leurs alliés, excepté seulement le roi des Romains. Par contre, le comte de Gueldre et ses alliés susdits nous ont promis, chacun en particulier, de nous secourir ouvertement et avec force à leurs propres frais , contre le duc de Brabant, le comte de Berg et leurs auxiliaires, partout et toutes les fois qu'il sera convenable. Nous sommes enfin convenus, ajoute le prélat, qu'aucun de nous ne fera une paix particulière avec le duc de Brabant, le comte de Berg ou leurs alliés, et que celui d'entre nous qui violerait cette convention, sera gardé comme parjure et comme un ennemi à qui nous ferons conjointement la guerre, protestant tous que, quelles que soient les chances de cette guerre, nous resterons constamment unis et ne nous séparerons jamais ».

Le comte de Gueldre et l'archevêque contractèrent, chacun de leur côté, d'autres alliances qui renforcèrent considérablement leur parti. De si grands préparatifs engagèrent le duc de Brabant à se faire aussi des auxiliaires. Gérard de Durbuy, fils de Waleran III, était le patriarche de la famille de Limbourg, qui, à l'exception du comte de Berg, faisait cause commune avec Renaud. Jean 1er pensa qu'il romprait ce pacte s'il parvenait à déterminer le vieillard à se déclarer hautement contre les prétentions du mari d'Ermengarde. Gérard, soit faiblesse, soit cupidité, se sépara des siens, et non seulement il vendit au duc les droits qu'il pouvait avoir sur le Limbourg, mais il lui promit de l'aider à arborer le drapeau brabançon au haut de la tour du domaine de ses aïeux.

Après des propositions d'arrangement auxquelles on prétend que Renaud ne voulut rien entendre, le duc de Brabant se décida enfin à entrer en campagne. Le nombre des alliances contractées de part et d'autre, l'importance de l'objet en litige, la haine que se portaient quelques-uns des combattants, allaient donner à cette lutte de formidables proportions et faire du duché de Limbourg un théâtre de pillage, d'incendie et de mort.

A la nouvelle des mouvements de son ennemi, dont la première opération fut de prendre et de faire raser le château de Limal, au pays de Rolduc, le comte de Gueldre et les princes limbourgeois s'apprêtèrent à défendre vaillamment le territoire dont on voulait ravir à l'un l'usufruit, aux autres la propriété.

Accompagnés de l'archevêque de Cologne et de tous les seigneurs compris entre la Meuse et le Rhin, excepté ceux de Mulrepas et de Wittem, qui se trouvaient dans les rangs opposés, ils se dirigèrent sur la Galoppe où se trouvait Jean 1er avec l'évêque de Liège et ses autres alliés. Les deux armées s'étaient rangées en bataille sur les deux rives de la petite rivière qui passe en cet endroit. Elles s'avançaient l'une vers l'autre, et le choc allait avoir lieu, lorsque tout à coup des religieux se précipitèrent entre elles, et par leurs paroles de paix, leurs pressantes supplications, furent assez heureux pour faire tomber les armes de toutes ces mains frémissantes. Les comtes de Flandre et de Hainaut furent sur le champ chargés par les parties de rétablir l'harmonie entre elles. La décision des deux arbitres fut que le comte de Gueldre conserverait le duché jusqu'à la fin de ses jours, et que le duc de Brabant en aurait la propriété après lui. En attendant, quatre chevaliers seraient placés dans le château de Limbourg, pour le garder au nom du comte de Flandre. Renaud ne se soumit point à cette sentence, sans doute à cause de conventions antérieures entre lui et les princes limbourgeois qui n'auraient pas vu son acceptation de bon œil. Il paraît du reste, que la concorde n'eût pas été rétablie pour cela. Jean 1er n'entendait pas renoncer à l'usufruit des biens qu'il revendiquait, sous prétexte que le comte de Gueldre avait commencé par en aliéner une partie.

Les hostilités reprirent donc leur cours. Le comté de Daelhem et les environs de Maëstricht, pays qui dépendaient du Brabant, furent les premiers à en souffrir. Conrad Snabbe, sire de Lonzen et sénéchal du Limbourg, ruina presque entièrement cette première contrée. Mais le chevalier Reynier de Warsage, lui tua plusieurs hommes et le fit prisonnier. Waleran de Fauquemont paya chèrement aussi les dommages qu'il avait fait éprouver aux habitants de la banlieue et de la ville de Maëstricht . Comme il avait tenté de pénétrer dans la ville, les bourgeois avaient pris les armes pour la défense de leurs foyers. Une partie était restée dans l'enceinte des murailles, l'autre les avait franchies pour repousser Waleran ; mais celui-ci avait fait un grand nombre de prisonniers, entre autres le mayeur Jean de Mille. Instruit de ce qui s'était passé, le duc de Brabant envoya, au cœur de l'hiver, le sire de Hoogstraeten dans la seigneurie de Fauquemont. Ce chef y fit promener ses soldats le glaive d'une main et la torche de l'autre. Il alla ensuite assiéger le château de Rolduc, sous les murs duquel il trouva la mort et que ses troupes abandonnèrent aussitôt. Ces représailles en amenèrent une infinité d'autres.

Renaud et ses alliés se promirent de venger Waleran. Au lieu de perdre leur temps à ravager les possessions de leur ennemi, ils résolurent de l'employer plus utilement. Le siège de Maëstricht fut décidé et la ville attaquée du côté de Wyck ; mais la garnison en ayant été augmentée, l'énergie de la défense déconcerta les agresseurs, qui renoncèrent à leur projet. Le sire de Fauquemont, furieux de l'échec qu'il venait d'essuyer, courut porter les trouble et la désolation parmi les habitants de la Campine brabançonne et du comté de Daelhem. Comme en cette circonstance la garnison du château de Herve avait contribué au ravage de ce dernier pays, le duc de Brabant fit cerner ce fort, dont les défenseurs, contraints de capituler, se retirèrent dans la tour de l'église. Maître du terrain, Jean 1er, non content d'ordonner la démolition du château, fit réduire en cendres la ville entière et même plusieurs villages environnants. De pareils excès se renouvelèrent plusieurs fois de part et d'autre dans le courant de l'hiver 1283.

Les confédérés, dans le même dessein qui leur avait fait entreprendre le siège de Maëstricht, se rejetèrent sur Aix-la-Chapelle, où ils avaient de nombreux partisans, qui appuyés par un agent de l'empereur, s'étaient promis de faire main basse sur les Brabançons. Mais deux de leurs chefs ayant été tués au moment où le tocsin se faisait entendre, ils n'osèrent agir, et se réfugièrent dans les églises.

Au commencement de l'été, les alliés revinrent à leur projet de s'emparer d'Aix-la-Chapelle.

Jean 1er, après d'être assuré le concours de plusieurs seigneurs français, passa le Meuse pour aller dégager cette ville. Les princes limbourgeois n'attendirent pas son arrivée. Ils allèrent l'attendre sur son passage, près de Galoppe, précisément à l'endroit où un engagement avait failli avoir lieu l'année précédente. Cette fois encore, par un hasard merveilleux, il n'y eut pas de sang répandu. Au moment où les deux armées allaient en venir aux mains, Raoul de Clermont, sire de Nesle, arriva sur les lieux et parvint à faire entendre sa voix au milieu des cris sauvages qui s'échappaient de toutes les bouches. Il annonça que le roi de France, Philippe le Hardi, dont il était le connétable, l'avait chargé de rétablir la concorde entre les parties belligérantes. Le roi d'Angleterre, Edouard 1er, qui connaissait particulièrement le comte de Gueldre, avait également et dans le même but, envoyé en Belgique l'évêque de Durham et deux chevaliers , ses secrétaires, qui probablement se trouvèrent là aussi pour amener un accommodement. Jean 1er consentit d'autant plus volontiers à déposer les armes, que Philippe était son beau-frère, et que ce monarque lui annonçait avoir besoin de lui pour mettre en possession du royaume d'Aragon son fils, à qui le Saint-Siège venait de l'octroyer.

Renaud ne fit non plus aucune difficulté de se prêter à un arrangement. Les comtes de Flandre et de Hainaut furent de nouveau appelés comme arbitres, et rendirent leur jugement le lendemain 18 juillet 1284.

Voici un fragment de cette pièce, copiée d'après l'original déposé jadis aux archives de Gueldre : « Nous Guis cuens de Flandre et marchis de Namur, et Jehans de Auesnes cuens de Haynnau... qui avons ces compromis et ses choses prises sour nous, en quis et seu par preudomes et par bones gens les raison des parties devant dites, par le conseil de bones gens et par grand arret et grant délibération, disons et raportons en no dit et no ordonnance ke li cuens de Ghelre devant dis, doit tenir le duchame de Lembourg tant le cours de sa vie en tel maniere com il le tenant au jour ke sa feme ala de vie à mort. Et choi doit-il tenir quitte et paisiule sans werre, et sans plait de cresciente (càd de chrétienté) ne de cours laics, etc. el an del incarnation nre segneur mil deus cens quatre vins et quatte le mardi apries la division des Apostles ».

Les arbitres déclaraient ensuite que ni eux ni leurs enfants n'aideraient à leur sentence, que les prisonniers et otages recouvraient la liberté, après le payement de leurs dépenses, et que les hommes liges de part et d'autre conserveraient leurs fiefs et leurs héritages.

Le duc de Brabant, quoiqu'il eût promis de s'en rapporter loyalement à la décision des comtes de Flandre et de Hainaut, refusa de tenir son engagement, lorsqu'il vit que Renaud était maintenu dans le titre d'usufruitier du duché de Limbourg.

Toutefois les arbitres, de concert avec les envoyés anglais et français, réussirent à ménager entre les combattants un trêve, fixée apparemment à un terme fort rapproché, puisque le 16 août suivant Renaud agissait de manière à prouver qu'il était libre de tout engagement envers son rival. Alors en effet il conclut avec Siffroi, archevêque de Cologne, un traité d'alliance en vertu duquel le comte de Gueldre était tenu de défendre l'archevêque à ses propres frais, contre tous ses ennemis sans exception, mais spécialement contre Adolphe de Berg et le sire de Windeck, frère de ce seigneur. Une charte du 23 du même mois, ne permet pas de douter qu'à cette date du moins les hostilités ne fussent recommencées. Waleran de Luxembourg, sire de Ligny, déclarait que le comte de Gueldre lui avait confié le gouvernement de son duché de Limbourg ainsi que la garde des châteaux de Limbourg et de Rolduc, et qu'une des conditions auxquelles il remplissait ce poste était de retenir pour son compte tout ce qu'il pourrait acquérir sur les ennemis du duc de Limbourg, à l'exception des châteaux et des bourgs, qui resteraient à celui-ci.

Une nouvelle trêve intervint vers le mois de novembre, entre le comte de Gueldre et le duc de Brabant. La guerre qui avait eu lieu dans l'intervalle avait été extrêmement cruelle. Le fait suivant donnera une idée des maux qu'eurent à souffrir les habitants du Limbourg et de la Gueldre. Jean 1er , ayant traversé le territoire compris entre Venloo et l'île de Bommel, ses troupes ne laissèrent pas une maison derrière elles. Cette contrée ne présentait aux regards que des monceaux de ruines fumantes. Il en fut à peu près de même d'une partie de l'archevêché de Cologne.

Fin mars 1285, Jean 1er partit pour se rendre en Aragon à la suite du roi de France, accompagné entre autres seigneurs, de Gérard de Limbourg, sire de Durbuy. La trêve durait sans doute encore ; mais, soit qu'elle fût expirée, soit qu'il l'eût rompue volontairement, le comte de Luxembourg ne tarda pas à entrer en campagne, et se rendit maître du château de Fraipont, dont Reynier de Visé, châtelain de Daelhem, le força de se dessaisir peu après. On ne connaît aucun autre incident de cette nouvelle prise d'armes, si ce n'est que Renaud, ayant assiégé la ville de Grave, résidence du sire de Cuyck, qui avait ravagé la Gueldre, fut obligé de renoncer à son entreprise par suite des renforts que Wauthier Berthout, gouverneur du Brabant, avait fait passer à son adversaire.

L'année suivante offre une plus ample moisson d'événements. Elle s'ouvrit sous des auspices extrêmement défavorables à Renaud, qui se vit privé par trahison, des meilleures places fortes de son duché. Nous avons dit plus haut que le sire de Lonzen avait été fait prisonnier sur les terres du comté de Daelhem, par le châtelain du lieu, vassal du Brabant. Henri, fils de ce seigneur, avait obtenu du duc de Limbourg la garde des châteaux de Lonzen, de Libois, de Sprimont et de celui de Herve, rétabli sans doute depuis peu. Pour obtenir la liberté de son père, il consentit à remettre ces places aux Brabançons déjà maîtres des châteaux de Wittem, de Reinbourg et d'Einenbourg.

Renaud, voyant les progrès rapides de son ennemi, tourna les yeux vers Gui de Dampierre, comte de Flandre, dans l'espoir qu'avec son appui il pourrait réparer les pertes qu'il avait faites jusque-là. Pour se l'attacher d'une manière plus directe, il épouse dans les premiers jours de juillet, Margueritte fille de ce comte et d'Isabelle de Luxembourg, et veuve du fils aîné d'Alexandre III, roi d'Ecosse.

Cette union n'eut pas les résultats politiques que Renaud en avait espéré. Malgré les efforts du comte de Flandre pour le réconcilier avec le duc de Brabant, qui avait également été son gendre, ce dernier n'en poursuivait pas moins ses projets de conquête. Le comté de Gueldre était à cette époque le théâtre de la guerre.

Comme le sire de Cuyck continuait à y porter la désolation, Renaud, afin de lui enlever son point d'appui, se mit en marche pour assiéger Thiel ; mais son adversaire préféra l'attendre en rase campagne : une action des plus meurtrières s'engagea. Renaud allait l'emporter, lorsque des troupes fraîches, ayant rejoint l'armée du sire de Cuyck, lui donnèrent la victoire.

Jean 1er s'était allié à Florent V, comte de Hollande, avec lequel il était convenu de partager les conquêtes qu'ils feraient sur le comte de Gueldre. Ils s'étaient tous deux dirigés vers l'île de Bommel, dans le dessein de s'en rendre maître. C'était un fief du Brabant déclaré saisi par le duc et que Renaud persistait à retenir, comme tous ceux qui relevaient du même duché. Jean 1er, après quelques escarmouches, s'empara de barques qui lui permirent de passer la Meuse, et aborda ainsi dans l'île dont il prit possession sans obstacle, et dont il s'assura la conservation en y faisant construire un fort. Renaud, qui se trouvait avec ses alliés dans une île voisine, et qui avait tout vu, sans pouvoir l'empêcher, se hâta de rendre la pareille au duc de Brabant. Le duc lui ayant fait proposer d'en venir à une action décisive et d'accorder ou d'accepter à cet effet le passage du Wahal, Renaud préféra attaquer la ville de Thiel, qu'il prit et incendia, tandis que son ennemi, faute de bateaux, était condamné à rester immobile devant ce spectacle. Le comte de Gueldre, accompagné de l'archevêque Siffroi, de Henri comte de Luxemburg, de Waleran frère de ce prince, et d'autres seigneurs, se porta ensuite sur Ruremonde où le comte de Flandre vint le rejoindre pour aviser aux moyens de terminer heureusement la campagne. Les confédérés passèrent la Meuse à Stockheim et marchèrent vers Wittem dont ils attaquèrent le château à l'improviste ; mais n'ayant pas réussi à s'en emparer de prime abord, comme ils y avaient compté, ils l'abandonnèrent pour aller investir celui de Lonzen, mieux fortifié et dont la possession leur eût été plus avantageuse. Ils restèrent quarante jour sous les murs de cette place, sans qu'elle se montrât prête à capituler.

Le duc de Brabant, sur ces entrefaites, s'étant mis en devoir de porter secours à la garnison de Lonzen, Renaud et ses alliés ne jugèrent pas à propos de l'attendre.

Était-ce la crainte qui les engageait à se retirer ? Il est plus probable que ce qui motiva leur retraite, ce fut la présence au château de Limbourg, de Marguerite de Flandre, la nouvelle épouse du comte de Gueldre, qui y était arrivée pour y rejoindre son mari, et qu'ils ne voulaient pas laisser dans une place mal défendue et à chaque instant exposée à un coup de mains, de la part du duc de Brabant ou de quelqu'un de ses auxiliaires. Ce furent Henri et Waleran de Luxembourg qui se constituèrent les gardiens de la résidence de leur nièce. Ils eurent bientôt à s'en féliciter. Jean 1er, qui venait de s'emparer sans coup férir des châteaux de Sinnigh, de Reimersdale, de Woude et de Wilhenru, s'était avancé jusque sous les remparts de Limbourg, mais sa bannière n'y flotta pas longtemps. Après avoir forcé à se replier sur la forteresse un corps de Limbourgeois qui en étaient venus aux mains avec ses gens, et avoir mis le feu au faubourg de la ville, il leva son camp et regagna son duché.

Toutefois, quel que soit le motif qui ait déterminé l'abandon du siège de Lonzen, il paraîtrait, au dire du chroniqueur de Limbourg, en cette conjoncture, ne fut pas interprétée d'une manière honorable pour eux. Le comte de Luxembourg jura de prouver, pour sa part, que le sang de l'indomptable Waleran III, qui coulait dans ses veines, n'avait rien perdu de la chaleur qui le faisait jadis bouillonner à la moindre injure. Au milieu même de l'hiver, il se jeta avec impétuosité sur la seigneurie de Sprimont, dans le dessein

de s'emparer du château qui dominait ce village. Il prit possession de l'église située à proximité du château, et y plaça 200 hommes, chargés de harceler la garnison ennemie et de lui couper les vivres.

Contre toute attente, le duc de Brabant, malgré la rigueur de la saison et la distance des lieux, accourut au secours de la place. Les assiégeants à son approche désertèrent le fort improvisé où les avait placés leur chef ; mais Henri de Houffalize, bâtard de Luxembourg, les rallia, les réunit à un corps de troupes qu'il avait levé dans les Ardennes, et alla se poster en avant d'Aywaille à l'entrée de la vallée qui conduit ce village à celui de Florzé. Il se croyait dans cette position, à l'abri de toute attaque. Les derrières de son armée étaient protégés par la rivière d'Amblève, et en face s'élevaient des montagnes escarpées. Cependant Jean 1er parvint à l'atteindre. Un combat s'engagea dans cet étroit espace. Il tourna au désavantage des Ardennais qui perdirent une centaine des leurs et s'enfuirent dans toutes les directions. Le duc de Brabant fit traverser l'Amblève à sa cavalerie, incendia Aywaille, et ravitailla le château de Sprimont dont il ordonna de démolir l'église.

Nous savons peu de choses des opérations de la campagne de l'année 1287 ; mais il est certain que malgré les précautions du duc de Brabant pour conserver Sprimont, ce château retomba au pouvoir de Renaud dans la première moitié de cette année. C'est ce que nous apprend une charte du 19 juillet, signée par Waleran de Fauquemont, qui depuis près d'un an avait remplacé Waleran de Luxembourg dans le gouvernement du duché de Limbourg. Cette charte porte, comme disposition principale, qu'Henri, fils de Conrad Snabbe, sire de Lonzen, est établi par Renaud châtelain héréditaire de Sprimont, en récompense des services signalés qu'il a reçu de lui et de son père. Ainsi ces deux seigneurs qui, comme on l'a vu précédemment, s'étaient rendus coupables de trahison envers le duc de Limbourg, étaient rentrés en grâce auprès de lui. Cette faveur ne fut pas la seule qu'ils en obtinrent. Une charte du même jour, émanant aussi du sire de Fauquemont, tout en nous fournissant le preuve que le château de Herve avait été soustrait à l'autorité de Jean 1er, témoigne de nouveaux bienfaits dont Renaud gratifia cette famille. Outre la nomination de Conrad à la charge de sénéchal du Limbourg et du pays de Rolduc, elle lui accorde la faculté de résider avec son fils dans le château de Herve. L'occupation de ces deux châteaux ferait supposer que les affaires de Renaud avaient repris une tournure plus favorable. Il paraît également qu'il avait eu quelque succès dans les îles de Bommel et de Thiel.

C'est là tout ce que les historiens nous apprennent des événements militaires de cette année, dont la seconde moitié d'ailleurs ne fut marquée que par des trêves passagères. Le 2 juillet il en fut conclu une de deux mois et treize jours entre le duc de Brabant et le comte de Hollande et leurs alliés, d'une part et le comte de Gueldre, l'archevêque de Cologne, le comte de Luxembourg et leurs auxiliaires, de l'autre. Une nouvelle suspension d'armes eut lieu le 12 octobre. Elle devait se prolonger jusqu'au 25 novembre. Les deux partis semblaient ne pouvoir plus se suffire à eux-mêmes.

Jean 1er, cherchant à se procurer de nouveaux appuis, détacha les princes de la maison de Juliers, et Thierry comte de Clèves, du parti de son compétiteur, et fit des conventions particulières avec le comte de Hollande et l'évêque de Liège. Quand à Renaud, il remit le 27 février 1287, les châteaux de Limbourg et de Rolduc au pouvoir du comte de Flandre, sans doute à titre d'engagement, par suite de prêts que lui avait faits son beau-père.

L'orage ne tarda pas à gronder de nouveau sur le Limbourg. Cette fois ce fut l'archevêque de Cologne qui le fit naître. Poussé par la vieille inimitié qu'il nourrissait contre Adolphe de Berg, il engagea les princes confédérés à s'unir à lui pour faire la guerre à leur ennemi commun, à celui qui en cédant le duché de Limbourg à Jean 1er , avait allumé cette longue et sanglante conflagration. Le comté de Berg fut envahi par une puissante armée.

Jean 1er, heureusement en se jetant sur les terres de l'archevêque, fit une diversion qui obligea Siffroi, Renaud, Waleran de Fauquemont et le comte de Luxembourg, à quitter le comté de Berg. Ils convinrent entre eux de se séparer et d'aller prendre des positions qu'à un signal donné ils quitteraient tous ensemble pour se réunir et aller à l'improviste envelopper le duc de Brabant. Ce prince évita de tomber dans leurs pièges et arriva sain et sauf à Maëstricht.

Les confédérés alors se portèrent dans le pays de Fauquemont que menaçait Jean de Flandre, évêque de Liège. Ce prélat, voyant qu'on l'avait devancé, renonça à son projet, pour l'exécution duquel il avait réclamé l'assistance des Brabançons. Waleran II, rassuré de ce côté, quitta sa forteresse pour se rendre à Voerendael, ou d'après une autre version, pour aller assiéger le château de Daelhem. Ses ennemis cherchèrent à profiter de son absence. Le sire de Wittem sortit un soir de Maëstricht, se dirigea sur Meerssen, et arrivé dans ce village, y alluma un vaste incendie qui le dévora presque entièrement. Le sire de Fauquemont vit, du lieu où il était, les flammes s'élever dans les airs. Il se hâta de regagner sa seigneurie pour éviter à ses sujets de plus graves calamités.

La destruction de Meerssen par le feu n'offre qu'une faible image des horreurs de cette guerre. Ainsi une grande partie des princes de l'Europe s'en préoccupaient et faisaient des vœux pour qu'elle cessât. Il paraîtrait que vers ce temps les rois de France et d'Angleterre essayèrent de nouveau d'y mettre un terme. Au moins est-il certain qu'ils engagèrent les ducs de Limbourg et de Brabant à prendre pour arbitre l'évêque de Cambrai, Enguerrand de Créqui ; mais ce prélat ne put les amener à s'en rapporter à sa décision. Seulement une suspension d'armes fut convenue au printemps de l'année 1288, et il fut décidé qu'une assemblée aurait lieu dans l'intervalle, à Maëstricht, pour s'y occuper des moyens de conciliation.

Mais les parties semblaient moins que jamais disposées à s'entendre. Le duc de Brabant, pour renforcer encore ses prétentions, acheta de Cunégonde, seconde femme de Waleran IV, qui depuis paraît s'être mariée avec un sire Arnould de Julémont, le droit qu'elle pouvait prétendre sur le duché de Limbourg. Le comte de Gueldre, de son côté, refusa de se rendre à l'assemblée de Maëstricht. Toutefois il fit courir le bruit que lui et ses alliés se réuniraient à Fauquemont dans un but analogue. Cette réunion eut lieu en effet le 23 mai. L'archevêque de Cologne, le comte de Flandre et Isabelle son épouse, les deux frères de cette princesse, Henri et Waleran de Luxembourg, Waleran, seigneur du lieu et le duc de Lorraine, y assistèrent. Loin qu'il en fût question de paix et de concorde, on y mit en avant un projet de nature à donner à la guerre un nouveau prétexte et un nouvel aliment.

Jusque-là Renaud n'avait pas manifesté, ostensiblement du moins, d'autre prétention que celle de conserver l'usufruit de l'héritage de sa femme. Le duc de Brabant avait pu espérer que, délivré de ce prince, il ne rencontrerait plus d'autres prétendant pour lui disputer sérieusement le duché de Limbourg. La résolution prise dans l'assemblée de Fauquemont, vint dissiper l'illusion qu'il se faisait. Renaud, qui probablement se sentait fatigué de cette lutte et aspirait à en remettre le poids à un autre, résolut moyennant la somme de quarante mille marcs de deniers brabançons, de céder à Henri III comte de Luxembourg, et à Waleran sire de Ligny et de la Roche, frère de ce prince, l'usufruit et tous les droits que lui et ses héritiers pouvaient avoir sur le duché et la forteresse de Limbourg, ainsi que sur les châteaux de Rolduc, de Sprimont, de Herve, de Duisburg et de Galoppe, comme sur toutes leurs attenances, y compris les fiefs qui en relevaient. Tous les vassaux, officiers et hommes liges du duché de Limbourg et des châteaux précités, étaient invités par Renaud à prêter foi et hommage aux deux princes luxembourgeois, que tous les seigneurs présents à cet acte jurèrent d'aider de tous leurs moyens.

Cette substitution qu'avaient tramée l'archevêque de Cologne et la comtesse de Flandre, était bien propre à confirmer certaines prétentions de suprématie que le comte de Luxembourg s'était réservé de faire valoir à l'occasion. Ce prince soutenait que, tant qu'il existerait des mâles de la maison de Limbourg, le duché de ce nom leur appartiendrait. Il soutenait en outre qu'Adolphe de Berg ne pouvait céder ce domaine à un étranger, il devait être considéré comme déchu de son droit, et que le bénéfice de cette déchéance devait naturellement revenir à celui dont le droit suivait le sien de plus près.

Le duc de Brabant était alors à Maëstricht, attendant avec impatience la nouvelle des résolutions prises dans l'assemblée de Fauquemont. La vente faite par Renaud au comte de Luxembourg excita en lui une telle colère qu'il marcha en droite ligne sur Fauquemont pour y surprendre les confédérés. Quelques-uns d'entre eux ne crurent pas devoir attendre son arrivée. Il se proposait d'attaquer le château, lorsque Gui de Dampierre, comte de Flandre, qui y était demeuré, entra en pourparler avec lui et l'engagea à passer outre, en promettant, sous peine d'une amende de quatre mille marcs, que Waleran II cesserait d'agir contre lui dans la présente guerre. Le sire de Fauquemont, qui se voyait serré de près, fit serment de ne pas manquer à cette promesse.

Le duc de Brabant reporta toute sa fureur sur les terres de Siffroi de Westenbourg, celui de tous ses ennemis contre lequel il était le plus irrité. Les habitants de Cologne s'étaient à cette époque mis de nouveau en révolte ouverte contre leur archevêque. Les malfaiteurs profitaient, comme toujours, de cet état de troubles pour se livrer à des brigandages d'autant plus audacieux que l'impunité leur était acquise. Siffroi de son côté, essayait de faire à ses sujets rebelles tout le mal qu'il pouvait. Maître du château de Woeringen, sur les bords du Rhin, à mi chemin de Cologne à Neuss, il s'en servait pour les tenir dans une crainte perpétuelle. Ceux-ci envoyèrent à Jean 1er une députation pour le prier de faire surveiller les chemins publics conformément aux obligations inhérentes à la qualité de duc de Limbourg, et de les aider surtout à détruire la forteresse de Woeringen si préjudiciable à la sûreté de leur commerce et de leurs personnes, et que du reste, l'empereur Rodolphe ne voyait lui-même que de mauvais œil. Le duc de Brabant répondit à ces députés, ainsi qu'aux comtes de Berg, ce Clèves et de la Marck qui s'étaient joints à eux, qu'il ferait droit à l'une et à l'autre de leurs demandes. Pour prouver qu'il était résolu à tenir ses promesses, il fit immédiatement investir Woeringen. Cette démarche fut le signal d'un événement qui trancha tout à coup des difficultés que cinq ans de guerre n'avaient pu résoudre.

L'archevêque de Cologne s'était félicité de la présence de Jean 1er dans ses Etats. Il la considérait comme une grave imprudence de la part de ce prince, qu'il lui semblait facile d'envelopper de toutes parts. Cette considération, qu'il fit valoir auprès d'un grand nombre de seigneurs allemands, le mit en peu de jours à la tête d'une armée de vingt mille hommes. Les comtes de Luxembourg, de Gueldre et Waleran de Fauquemont, résolus d'en venir à une action décisive, lui avaient amené tout ce qu'ils avaient pu réunir de cavaliers et de fantassins.

Les divers contingents qui devaient compléter cette armée se réunirent sur l'Erft, au point de jonction convenu. L'on était au samedi 5 juin ; quelques-uns des alliés penchaient pour que l'engagement fût remis sur le surlendemain, de nouveaux renforts devant leur arriver dans l'intervalle ; mais le comte de Luxembourg voulut, dans sa bouillante ardeur, qu'on marchât immédiatement à l'ennemi.

Aucune grande opération militaire n'avait lieu au moyen âge sans que les combattants eussent par des prières, appelé la bénédiction céleste sur leurs armes. Il y avait quelque chose d'imposant à la foi et de touchant dans le spectacle de ce nombre infini de guerriers à la mine sévère, au costume d'acier, humblement agenouillés au milieu d'une plaine, les mains levées vers le ciel et préludant par des hymnes pieux au sauvage hourra des batailles. Les confédérés se rendirent processionnellement à l'abbaye de Branweiler. L'archevêque y célébra une messe solennelle, donna l'absolution aux troupes, leur accorda des indulgences, les harangua pour exalter leur courage, et termina en mettant le vœu de faire le duc de Brabant prisonnier pour en tirer une riche rançon. Mais à ces mots, les princes limbourgeois se récrièrent, déclarant d'une voix unanime qu'ils n'entendaient faire aucune grâce à Jean 1er, et qu'ils avaient juré la mort de l'usurpateur de leur héritage.

L'armée, suivie de chariots chargés de chaînes destinées aux vaincus, se mit en marche pour Woeringen. Siffroi en formait l'avant-garde avec ses Westphaliens ; les comtes de Luxembourg et de Gueldre en commandaient les deux ailes, où se trouvaient Henri de Houffalize et Baudouin, bâtard de Luxembourg, Waleran de Fauquemont, Conrad Snabbe, sire de Lonzen, chef des Schavedriesch, et la plupart des nobles du Limbourg. Waleran de Ligny prit le commandement de l'arrière-garde.

Le duc de brabant, informé de ces préparatifs, quoique avec des forces d'un tiers moins considérables, se tint dès le point du jour en état d'attendre de pied ferme, et de soutenir le choc de l'armée ennemie. Il se plaça à la tête de l'avant-garde, confia l'aile droite à Adolphe, comte de Berg, la gauche au comte de Looz et le corps de réserve à Godefroid, son frère. On voyait dans l'armée brabançonne flotter les bannières de Herman de Wittem, du sire de Mulrepas et de Renier de Visé, châtelain de Daelhem. Jean 1er, après avoir également préparé ses gens au combat par des prières et des harangues, abandonna le camp qu'il avait établi sous les murs de Woeringen et vint se ranger à quelque distance en ordre de bataille.

L'archevêque de Cologne, sur ces entrefaites, côtoyait le Rhin, feignant de vouloir attaquer le comte de Berg. Ce seigneur n'était séparé de Jean 1er que par des fossés remplis d'eau. Le duc les franchit pour voler au secours de son allié. Siffroi, qui avait prévu cette manœuvre, change soudain de direction et marche droit à Jean 1er. Renaud et les princes Limbourgeois s'ébranlent à leur tour pour fondre sur les Brabançons. Cette simultanéité de mouvements eut pour résultat de réunir les trois corps en un seul. Le comte de Luxembourg augura mal de cette nouvelle disposition, et fit part de ses pressentiments à ses frères, en les exhortant à prendre en face du danger une contenance digne de princes dont les aïeux avaient toujours eu pour devise : vaincre ou mourir. Hélas ! ils prouvèrent bien tous que cette devise ne s'était pas effacée de leur mémoire !

C'étaient les Schavedriesch qui avaient engagé l'action. Ils devaient attaquer séparément les Mulrepas et les Wittem, avec lesquels ils avaient, comme nous l'avons dit, des querelles particulières à vider. N'ayant pu les atteindre, il s'étaient rejetés sur l'escadron commandé par Godefroid de Brabant ; les Limbourgeois étaient venus ensuite se joindre à eux ; et grâce à leurs efforts combinés, les Brabançons avaient reculé de quelques pas, quoique leurs lignes fussent plus compactes que celles des alliés. Le comte de Luxembourg, au milieu de la mêlée, n'avait qu'une préoccupation : atteindre le duc de Brabant. Dans ce but, il parcourait les rangs, la tête haute et fière, l'œil étincelant, la lance en arrêt.

Mais Jean 1er déployait une si grande activité, son apparition sur un point était si rapide, que le comte s'efforçait en vain de le joindre. Henri s'en prend au frère de ce prince, avec lequel il engage un combat acharné ; mais son cheval, frappé d'un coup de massue à la tête, s'emporte et l'entraîne dans une autre direction. Cependant l'idée fixe de ne se mesurer qu'avec le duc de Brabant, ne l'abandonne pas ; il fait lever la visière de son heaume par un de ses chevaliers pour mieux reconnaître son ennemi ; l'ayant enfin aperçu, à peu de distance, il fond sur lui plus prompt que l'éclair. La lance est l'arme dont ils se servent d'abord ; ils la jettent bientôt pour prendre l'épée ; cette arme ne répondant pas encore assez à leur impatience, ils se saisissent corps à corps, et essayent de se renverser sur la poussière. Un concours nombreux de Brabançons presse le comte de toutes parts, et il se voit à regret obligé de lâcher son adversaire.

C'est alors qu'il apprend que Waleran, son frère, qui combattait non loin de lui, est tombé mort, criblé de blessures. La douleur, le désespoir se mêlant à la haine qui l'anime contre le duc de Brabant, il se jette de nouveau, tête baissée, à travers les rangs des Brabançons, arrive jusqu'à son ennemi, l'étreint de ses bras nerveux et renouvelle un combat plus terrible que le premier ; le duc est blessé au bras et à son cheval tué sous lui, il en remonte un second dont il est également renversé ; ce n'est pas tout : sa bannière, ce palladium de son armée, a été foulée aux pieds, et ce spectacle a répandu la terreur parmi les siens ; mais les trompettes qui avaient cessé de retenir, se font entendre de nouveau ; l'étendard a été relevé ! Sa vue retrempe le courage des Brabançons, qui reviennent à la charge avec plus d'ardeur que jamais et renversent à leur tour la bannière limbourgeoise.

Jean 1er, après avoir combattu quelque temps à pied, parvient à remonter à cheval, va se placer vis-à-vis de son adversaire, et cette fois c'est lui qui le provoque. Henri III accepte le défi ; une blessure que reçoit son cheval l'oblige à s'arrêter un instant ; mais il reprend courage, revient vers le duc, le saisit à la gorge, et pour le terrasser plus facilement, se lève sur ses étriers... C'est en ce moment qu'un gentilhomme brabançon, Wautier Van den Bisdomme, à la vue du péril que court son chef, profite de la position où se trouve le comte pour lui plonger son épée dans les flancs. Henri, mortellement blessé, lâche prise, chancelle et tombe de sa monture. On dit que Jean 1er, le voyant expirer, s'écria, en s'adressant à Wautier :          « Qu'as-tu fait ? tu as occis le meilleur chevalier de la journée ».

L'archevêque de Cologne, malgré la perte du plus redoutable de ses alliés, continuait à combattre vaillamment. Mais ses gens ne partageaient plus sa confiance ; un grand nombre désertèrent ; ses escadrons se rompirent et son étendard fut abattu. Il entendait derrière lui des voix qui hurlaient : Mort à Siffroi ! et à quelques pas de là, il voyait s'avancer le comte de Berg, son ennemi personnel, dont il ne pouvait espérer aucun quartier. Sa perte lui paraissait certaine, il cria à Godefroid de Brabant qu'il lui rendait les armes et se remettait entre ses mains. Mais Godefroid, dont la présence était réclamée au fort du combat, ne put se charger de lui ; et par une sorte de fatalité, c'est précisément à Adolphe de Berg qu'il confia la garde du prisonnier.

Renaud de Gueldre allait bientôt partager le sort de l'archevêque ; secondé par Goswin, sire de Borne, il avait fait des prodiges de valeur, et malgré la félonie d'un grand nombre de ses chevaliers, son ardeur ne s'était pas ralentie ; sa bannière était restée debout longtemps après que celles de Luxembourg et de Cologne avaient disparu. Le moment approchait où elle allait rejoindre les deux autres ; mais aussi Renaud, grièvement blessé et renversé de son cheval, ne pouvait plus la défendre. Le comte de Looz, le voyant en un si grand danger, se ressouvint de la parenté qui les unissait, et en ennemi généreux, lui envoya un nouveau cheval et quelques écuyers servants, qui lui ôtèrent sa cotte d'armes pour lui éviter d'être reconnu et lui firent quitter le champ de bataille. Mais des Brabançons s'en étaient aperçus et, quoiqu'ils fussent loin de soupçonner la condition du fugitif, ils se mirent à sa poursuite, se saisirent de lui et le ramenèrent au duc, qui ne le reconnut que plus tard, lorsqu'il se fit présenter les prisonniers.

Quant à Henri de Houffalize et à Baudouin, ils ne voulurent point qu'on leur reprochât de s'être montrés moins vaillants que leurs frères naturels, et ils déployèrent une intrépidité qui leur valut d'aller rejoindre parmi les morts Henri et Waleran de Luxembourg.

Les confédérés échappés aux Brabançons ne pouvaient plus guère se flatter de leur disputer la victoire. Des paysans, amenés par le comte de Berg, et qui armés de piques et de massues, les avaient pris à dos, leur causaient surtout des pertes considérables. Waleran de Fauquemont, malgré les terribles chances qu'il avait contre lui, n'avait pourtant pas encore quitté le champ de bataille, et continuait avec ses nombreux chevaliers, à enfoncer les escadrons ennemis. A la fin, assailli de toutes parts, privé de sa bannière, et resté presque seul le point de mire des Brabançons, il allait reculer pour éviter un combat inégal, quand tout à coup, songeant à ses cousins, couchés parmi les morts, songeant à la honte dont il souillerait son blason en fuyant, il sent renaître son courage et se décide à rentrer en lice. Il déploie un nouvel étendard aux armes de Fauquemont et l'agite dans les airs ; ses braves compagnons accourus à ce signe de ralliement, se rangent à ses côtés, volent à de nouveaux périls et l'issue du combat reste encore quelque temps incertaines. Waleran a reconnu le bataillon du comte de Juliers ; il le fait charger par ses gens ; puis se trouvant face à face avec ce seigneur, il lui reproche son alliance avec le duc de Brabant : « Et vous aussi, s'écrie le comte, vous êtes issu des princes de Limbourg et vous combattez avec l'archevêque de Cologne, cet ancien ennemi de la maison » . La querelle s'envenime, ils saisissent leurs armes et se portent des coups furieux. Le comte de Juliers est blessé à la gorge ; un de ses chevaliers survient, et le sire de Fauquemont reçoit sur le nez un coup qui lui emporte une partie. La position était critique, il allait infailliblement périr, lorsque le comte de Looz et quelques autres seigneurs crurent de leur devoir de sauver un prince aussi illustre, et qui dans cette journée, avait donné tant de preuves de bravoure. Ils pansèrent sa plaie, et assurèrent sa retraite, à l'insu du duc de Brabant, qui n'eût pas facilement lâché une si belle proie.

Le sire de Fauquemont avait été le dernier rempart des confédérés ; sa disparition ne laissait plus de doute sur le triomphe des Brabançons. Le champ de bataille n'offrait que des vainqueurs ivres de carnage, et des vaincus qui se rendaient à merci ; le rang et la naissance ne comptaient plus pour rien ; des comtes se livraient à de simples écuyers, des chevaliers rendaient leur épée à des paysans prêts à les assommer. C'est au milieu de cette confusion qu'une poignée d'hommes, après dix heures de combat, eut à soutenir un nouvel assaut. Les Mulrepas et les Wittem, instruits que les Schavedriesch avaient résolu de n'en venir aux mains qu'avec eux, s'étaient au commencement du combat, postés derrière les Brabançons. Lorsqu'ils virent ceux-ci victorieux, ils se précipitèrent sur leurs compatriotes accablés de fatigue et à moitié désarmés. Les Schavedriesch, au nombre de cent dix chevaliers et écuyers, se montrèrent dans cette déloyale attaque, sublimes de courage et de résignation. Treize seulement échappèrent à la mort et parmi eux leur chef, Conrad Snabbe, sire de Lonzen.

La bataille avait commencé à neuf heures du matin, et le soleil était sur le point de se coucher lorsqu'elle finit. On porte à mille le nombre des prisonniers tombés au pouvoir des Brabançons. Parmi les plus illustres, outre l'archevêque de Cologne et le comte de Gueldre, étaient Adolphe de Nassau, qui plus tard fut élu empereur, son frère Henri, Waleran de Juliers, sire de Bergheim, Renaud de Westerbourg, prévot de Bonn, le comte de Neuenare, Jean de Heinsberg, sire de Lewenberg, son neveu Lindolphe de Clèves, comte de Hilkerade, et Evrard de Salentin, sire d'Isenbourg.

Les alliés d'après Van Heelu, eurent plus de onze cents hommes tués, tandis que leurs adversaires n'en auraient perdu que trente-deux, s'il faut en croire Henricourt. Les cadavres du comte et de Luxembourg et de Waleran de Ligny, son frère dépouillés de leurs vêtements et foulés aux pieds des chevaux, ne furent pas retrouvés. Cette circonstance a fait révoquer en doute le récit de la mort du comte de Luxemburg, tel que nous l'a fourni Van Heelu. On prétend même qu'Henri III avait offert de se racheter au prix d'une forte rançon, mais que les vainqueurs n'y avaient pas consenti, et qu'après l'avoir tué, ils l'avaient jeté dans le Rhin.

En rappelant la part que prirent à la bataille de Woeringen les princes de la maison de Limbourg, nous avons omis beaucoup de détails qui nous eussent fait empiéter sur l'histoire du duché de Brabant. Nous nous abstiendrons de même de suivre le conquérant dans sa marche triomphale.

Cependant tout n'était pas décidé encore. Jean 1er , pour réunir définitivement les destinées du Limbourg à celles du Brabant, eut de nouveaux obstacles à surmonter.

Suite sur Histoire du Limbourg Marcellin LAGARDE XI

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